Santé et soins 4



  • L'eau de boisson de nos oiseaux.
  • Protéines, acides aminés , glucides, lipides,... essayons d'y voir plus clair.




L'eau de boisson de nos oiseaux                      Par Thierry lequeu



Tous les éleveurs expérimentés vous le diront, la pureté et la fraîcheur de l’eau donnée à nos oiseaux est quelque chose de primordial. Aucun éleveur consciencieux n’élève ses volatiles sans donner une place importante à la qualité de l’eau donnée à ses oiseaux.

La consommation moyenne d’eau est de 20 à 25 ml par 100g de poids corporel. Cette donnée n’est juste que pour les oiseaux qui boivent normalement . Un canari pèse entre 20 et 25 gr.

L’eau est essentielle à la vie et les fontaines données à nos oiseaux ne représentent pas le seul apport en eau. Il y a également les verdures ou fruits qui en apportent énormément. C’est la raison pour laquelle lors de l’administration d’un traitement, l’apport de toutes autres sources d’eau est déconseillé afin de faire profiter au maximum les oiseaux des produits administrés.

L’eau fait partie intégrante de l’alimentation de nos canaris. En cas de pollution elle est responsable de toutes sortes de maladies. La qualité de l’eau du robinet est, dans notre pays, reconnue et en cas de problèmes ce ne sera généralement pas cette eau qui sera à suspecter mais souvent les récipients où elle a été stockée et le temps passé entre le tirage et la durée de mise à disposition pour nos oiseaux.

Pourquoi parler de l’eau dans ce numéro ?

Car c’est le moment de l’élevage et nos oiseaux méritent des soins constants , cette période étant une étape délicate à passer. De plus, il sera impératif de changer l’eau tous les jours. Pourquoi ?

Il faut savoir que les bactéries peuvent être pour nos oiseaux des ennemis invisibles. La plupart des cas de maladies dues à la boisson souillée pourraient être évitées juste avec quelques gestes simples et de «l’huile de bras».

Les bactéries se trouvent partout. On peut les arrêter avec un peu de savoir–faire et quelques produits tels l’ eau chaude, un réfrigérateur, des produits désinfectants.

Les bactéries se développent rapidement à température ambiante et la reproduction de celles-ci peut s’accentuer avec la chaleur. Les symptômes des maladies dues aux intoxications provenant d’une eau polluée peuvent survenir dans les trente minutes qui suivent l’ingestion.

Les jeunes oiseaux et ceux en mue sont les plus vulnérables ils seront les premiers à tomber malades en cas d’intoxication. Afin de se protéger au mieux, quelques principes de bases doivent être respectés :

Avant toute manipulation de fontaines, veillez à vous laver les mains.

Nettoyez à fond les ustensiles dont vous avez besoin pour changer l’eau.

Désinfectez votre matériel avec un produit désinfectant ou un mélange d’eau de javel et d’eau.

Veillez à la bonne qualité de l’eau.

Afin de mieux comprendre l’importance de l’hygiène , je voudrais vous faire part d’une anecdote : Un amateur me demanda un jour de passer chez lui car il y avait un problème dans son élevage. Les oiseaux n’étaient pas bien et de nombreuses mortalités étaient à déplorer chez les jeunes.

Un coup d’oeil sur ses fontaines et je compris de suite d’où pouvait éventuellement venir tous ses déboires. Je lui demandais donc de prendre une fontaine suspendue à ses cages et d’ en boire le contenu. Celui-ci me regarda bêtement, et refusa évidemment. 

Depuis lors il est devenu presque maniaque de la propreté et m’a avoué que bon nombre de ses problèmes avaient disparu.

Il est parfois utile de regarder autour de nous comment nous nous occupons de nous et de voir combien de précautions nous prenons pour rester en bonne santé, il faudrait également y penser pour nos oiseaux. Boiriez-vous dans les fontaines de vos oiseaux? Si oui, alors cet article n’avait rien à vous apprendre. Bonne continuation.




Protéines, acides aminés, glucides, lipides,… essayons d’y voir plus clair.      Par Thierry Lequeu



Dans nos élevages, on peut considérer que de nombreux troubles ne sont pas dus nécessairement à des maladies d’origine bactérienne, mais bien liés à la ration alimentaire.



Durant ces dernières années, de nombreux progrès ont été réalisés dans l’alimentation de nos oiseaux. Suite aux élevages intensifs de volailles, des recherches ont pu nous faire connaître, avec plus de précisions, les besoins réels des oiseaux. Avant de traiter de ces besoins, il me semble important de savoir en quoi consiste la ration alimentaire de nos amis ailés, et pourquoi ils ont besoin, tout comme nous d’ailleurs, d’une alimentation variée et équilibrée. Il faut savoir qu’en général, les oiseaux consomment une quantité énorme de nourriture par rapport à leur poids. L’oiseau digère très vite, et les déchets sont rejetés 1 à 2 heures après ingestion.. Pour exemple: une perruche consomme environ 100 fois son propre poids en graines et en eau par an. Elle fait environ 40 fientes par jour. Si on devait comparer avec un homme, il faudrait que celui-ci mange 22 kg de nourriture par jour ( pratiquement un sac de pommes de terre ). Bon appétit et bon courage!

Il est maintenant bien établi que nos oiseaux ont besoin de divers composants dans leur ration alimentaire:

Les protéines : servent à former les tissus vivants et à en assurer leur remplacement.

Les hydrates de carbone ( sucres,..) : servent à la production de l’énergie musculaire.

Les lipides ( graisses, huiles ) : servent à produire des calories pour lutter contre le froid.

Ces trois éléments constituent déjà + ou – 97% de la ration alimentaire.

Les minéraux ( phosphore, calcium, magnésium,..) : servent notamment à la formation du squelette.

Les oligo-éléments ( manganèse, cuivre, cobalt,…) : en quantité infime sont également indispensables.

Les vitamines ( A, B, C, D, E,…….) : en quantité infime sont indispensables à une bonne condition physique.

Essayons d’y voir plus clair.

Les protéines.

Les protéines sont des composés que l’on appelle également albumine ou matières azotées ( un kilo de viande en contient 200 gr, un litre de lait 30 gr, un œuf 8 gr ). Les protéines contenues dans les aliments sont, par le phénomène de digestion, transformées en acides aminés directement assimilables, ils servent ensuite à construire les protéines propres à chaque espèce d’oiseau. Il faut savoir que, si certains acides aminés sont synthétisés par les oiseaux, d’autres doivent être présents dans la nourriture ( méthionine, lysine, cystine,... ).

Mais quel sont les besoins en protéines ?

Il faut bien se rendre compte que les besoins varient en période de croissance, de mue, de ponte,.. ou pendant la période de maintenance.

Il est considéré qu’une proportion de 18 à 20 % est nécessaire pour les canaris et ce surtout en période de croissance. C’est logique étant donné que les protéines servent à la fabrication des tissus.

Attention toutefois à ne pas surévaluer ces besoins car l’excès est très néfaste pour l’oiseau.

Pourquoi ?

Tout être vivant est composé de cellules qui meurent et sont remplacées par d’autres. Toutes ces cellules contiennent des produits azotés, en plus les protéines en excès dans la ration alimentaire sont digérées et libèrent également des déchets azotés . Chez l’oiseau ces déchets sont éliminés sous forme d’acide urique et urates. Nous trouvons ces urates dans les fientes ( matière blanchâtre). En cas d’accumulation d’urates, c’est d’abord les reins et ensuite tout l’organisme qui se chargera avec pour conséquence la « goutte viscérale » entraînant la mort du sujet. Attention donc à ne pas jouer à l’apprenti sorcier et regardons toujours les contenances en protéines annoncées par les fabricants. Bien que rien ne peut nous assurer de la justesse des indications, il nous faudra bien faire confiance au fabricant avant de rajouter des compléments éventuels. Une autre solution est de faire sa pâtée soit même, mais il faut être réaliste et lorsqu’on travaille il n’est pas toujours facile de trouver le temps de la préparer.

Les hydrates de carbone ou glucides.

Tout comme la digestion fractionne les protéines en acides aminés, elle fractionne également les hydrates de carbone soit en glucose rapidement utilisable pour la production d’énergie, ou en graisse qui sera stockée dans l’organisme, constituant de ce fait des réserves servant à l’oiseau en cas de manque de nourriture ou de maladie.

Un excès d’hydrates de carbone est moins grave qu’un excès de protéines mais il peut entraîner une accumulation de graisses et, des problèmes au niveau du foie seront à craindre.

Les lipides.

Les lipides ou graisses sont contenus dans certaines graines telles: navette, colza, chenevis, niger,...et ils se retrouvent également dans les graisses animales comme l’huile de foie de morue, lard,…

Ces acides gras ont un grand pouvoir calorifique quand ils « brûlent ». Les lipides peuvent donc être « brûlés » pour maintenir la température de l’oiseau, et le surplus est stocké par l’organisme. Attention toutefois à une surcharge trop importante car l’oiseau, par goût, préfère souvent les graines oléagineuses. Il faut se rendre compte que, si une graine contient 35 % d’huile, l’oiseau qui mange la décortique pour ne manger que l’intérieur ( la partie contenant l’huile). Nous pouvons donc évaluer que la teneur réelle de cette graine avoisine les 40%.

Les besoins des oiseaux en graisse sont réels mais seront plus importants pour les oiseaux soumis au froid.

Quelles sont les conséquences d’un excès de lipides?

Les graisses qui ne seront pas brûlées seront stockées dans plusieurs organes dont l’intestin et, principalement, le foie. L’oiseau malade se tiendra en boule. On constatera chez cet oiseau une grosse tache rouge sur le ventre ( entérite). Dans certains cas, l’hypertrophie du foie qui comprime tous les organes, provoquera une respiration bruyante. L’issue est souvent fatale à l’oiseau.

Les minéraux.

Lorsqu’on parle de minéraux, on distingue ceux nécessaires en quantité, plus ou moins importante : calcium, phosphore, magnésium, chlore et sodium, et les oligoéléments nécessaires à l’état de « trace ».

Le calcium et le phosphore sont les constituants principaux des os. Le calcium, quant à lui, joue un rôle supplémentaire en cas de ponte. En effet, la coquille de l’œuf est pratiquement entièrement constituée de carbonate de calcium.

Les besoins sont donc différents qu’il s’agisse de sujets en croissance, en ponte ou d’un adulte en maintenance. Une carence en calcium et phosphore se traduira par une mauvaise ossification. Pourquoi ?

Lors de sa formation, l’os est constitué comme une sorte de « moule » cartilagineux dans lequel les sels minéraux se déposent et lui donne sa rigidité qui lui permet de résister à la traction exercée par les muscles.

Les oiseaux de cages équilibrent, par instinct, leurs besoins en minéraux mais, il est indispensable que ceux-ci se trouvent dans leur environnement afin d’y avoir accès.

Un apport supplémentaire de vitamines D3 (voir vitamines) évitera les déséquilibres en calcium et phosphore mais, en aucun cas, la dose de vit D si élevée soit-elle ne les remplacera.

Nous apportons du calcium dans l’alimentation par la mise à disposition des oiseaux de coquilles d’huitres broyées, de coquillages, os de seiche, coquille d’œufs, craie,… Les graines contiennent également du calcium mais pas en quantité suffisante pour couvrir les besoins de nos oiseaux. Un complément s’avère donc indispensable.

Le phosphore, outre son rôle dans l’ossification, est également indispensable pour toute cellule vivante. Il semble que les biscuits phosphatés constituent une bonne façon de le distribuer. Les troubles observés en cas de carence sont:

Hémorragies.

Fractures.

Œufs sans coquilles.(attention un œuf sans coquille peut également provenir d’un autre problème que le manque de matières minérales).

En ce qui concerne le chlore et le sodium, ils peuvent être apportés, notamment, par les biscuits. Il existe chez les oiseaux un mécanisme qui leur fait rechercher le sel dans la mesure de leurs besoins. Mais surtout pas d’excès.

Le magnésium, pour sa part, entre dans la constitution des os et est présent dans les végétaux. Les besoins sont habituellement couverts.

Les oligoéléments.

Ces métaux sont nécessaires en très faible quantité.(fer, zinc, cuivre, manganèse, fluor, cobalt).

La carence de ces petits minéraux se traduit par de l’anémie, un amaigrissement et de nombreux autres troubles tels la stérilité, de nombreuses maladies infectieuses,…..

Le fer est le constituant essentiel de l’hémoglobine Il s’associe au cuivre et au cobalt pour prévenir l’anémie.

Le manganèse facilite la croissance, les fonctions reproductrices et assure le développement des os.

Le cuivre possède un rôle très important dans la lutte contre l’infection, assure une bonne croissance.

Le cobalt prévient l’anémie.

Le zinc est un régulateur de l’hypophyse assurant une croissance normale et le développement des os.

Le fluor facilite la fixation du calcium pendant la croissance.

Les vitamines.

Les vitamines sont des substances indispensables à la santé de tout organisme. Si elles manquent dans notre alimentation, il faudra s’attendre à divers troubles caractérisant cette carence. Cet état pathologique est appelé « avitaminose ». Il est extraordinaire de constater l’action des vitamines en fonction des doses minimes utilisées.

Il faut savoir que chaque avitaminose (manque de vitamines) ne peut être guérie que par l’emploi de la vitamine appropriée.

La plus courante des carences est due au manque d’apport de vit A dans l’alimentation. Il arrive également que les vitamines, bien que présentes dans l’alimentation, ne soient pas utilisées par l’organisme suite à une affection parasitaire ou microbienne. Il a été constaté que certaines vitamines étaient détruites, notamment par des matières grasses rances.

Certaines vitamines sont produites dans l’intestin par des microbes inoffensifs. Attention donc à l’emploi exagéré d’antibiotiques qui peuvent empêcher ces germes utiles participant à la production de ces vitamines.

Mais en réalité quels sont les besoins réels des oiseaux en vitamines ?

Il faut, pour déterminer ces besoins, distinguer les oiseaux sains et les oiseaux présentant un état pathologique pouvant accroître les besoins en vitamines. Lorsqu’on parle de besoins, il faut également distinguer le besoin minimal en dessous duquel on ne peut descendre sous peine de voir une avitaminose se produire, et le besoin maximal au dessus duquel on ne peut arriver.

Si on augmente les doses au dessus du besoin minimal, on observera au début une amélioration générale de la santé de l’oiseau. Mais au dessus de certaines limites, il n’y aura plus d’amélioration perceptible.

En cas d’hypervitaminoses, des troubles sont à craindre.

Le peu de vitamines ingérées par les oiseaux entraîne un prix peu élevé, dès lors, le risque est bien réel de voir des éleveurs donner des doses exagérément élevée. Attention donc à la dose!

Une idée fausse est de croire que les fruits assurent les besoins en vitamines. Il contiennent en priorité de la vit C dont les oiseaux n’ont pas besoin et certaines vitamines: B6, K uniquement.

Pour des oiseaux sains, recevant une alimentation variée, il n’est pas nécessaire de donner de la vitamine C car leur organisme peut la fabriquer en quantité suffisante.

Chez les oiseaux malades, les besoins en vitamines augmentent et un supplément peut s’avérer utile.




 Catégorie Utilisations Carences Catégories d'aliments
 Vitamine A
 croissance reproduction
 rachitisme huile de foie de morue,oeufs, fruits, carrotes, choux, verdures,..
 Vitamine D3
 Formation osseuse
action anti-rachitique
 rachitisme huile de foie de morue
 Vitamine E
 reproduction stérilité graines germées
 Vitamine K
 antihémorragique lésions hémoragique
 levure de bière
 Vitamine B1
 métabolisme des glucides
 mort des embryons,
troubles nerveux.
 céréales diverses
 Vitamine B 2
 Facteur de croissance
métabolisme des protéines,
glucides et lipides

 Manque d'appétit
 graines germées
 Vitamine B 2
 métabolisme des protides
 diarrhées levure de bière
 Vitamine B 12
 lutte contre l'anémie,
facteur de croissace
 paralysie 
 Vitamine PP
 métabolisme des glucides
 et des lipides
 lésions cutanée
 levure de bière
 Vitamine H
 métabolisme, protection
de la peau, éclosion
 lésions cutanées,
mortalité de l'embryon
 levure de bière


Nous ajouterons à ce tableau la choline qui limite les dépôts de lipides (graisses) au niveau du foie et la vitamine C qui à un effet stimulant, renforce l’immunisation et est nécessaire à la formation de la coquille.

Voici donc terminée cette tentative d’explication des différents composants entrant dans l’alimentation de nos oiseaux.


Le saviez vous?

Comme il est dit dans l’article plus haut, les protéines sont formées d’acides aminés. Notre canari digère les protéines en les fractionnant pour ensuite, reconstruire ses propres protéines.

Mais attention, il existe certains acides aminés que l’oiseau ne peut fabriquer. S’il en a besoin dans un de ses organes, il ne pourra construire cet organe que s’il trouve, dans son alimentation cet acide aminé précis.

Ils sont dits « essentiels ». Le plus souvent, il s’agit d’ un manque de METHIONINE. Et dans ce cas, la croissance sera ralentie inévitablement.