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Les nuances dans la couleur de fond des canaris mélanines.                                                                                                    Par Thierry Lequeu


Le monde de la canariculture se développe et des évolutions sont actuellement nécessaires afin de classifier au mieux les différentes mutations intervenues. Une bonne connaissance de la couleur de fond ainsi que du dessin des mélanines est donc de la plus haute importance afin de différencier nos oiseaux sans risque d’erreur et d’éviter ou atténuer si faire se peut les discussions à propos des jugements.. L’évolution que nous connaissons dans la série à mélanines maximales (oxydés) noirs et bruns, entraîne immanquablement une modification, du moins momentanément, de cette couleur de fond. Je voudrais tenter via cet article d’expliquer comment cette couleur de fond se crée, par quoi est-elle influencée et, quelles pourraient être les évolutions possibles.

Le canari est de par le monde l’oiseau certainement le plus élevé. Cet article comprend des généralités à bons nombres d’espèces, mais est uniquement consacré aux canaris de couleur dans un but d’exposition.

Depuis des dizaines d’années le canari est élevé soit pour le chant, la posture ou la couleur. Chaque catégorie fixe des règles afin de pouvoir juger, lors des expositions, les oiseaux en fonction des critères établis.

Le canari étant une matière vivante en perpétuelle évolution, il est normal que des évolutions interviennent au fil du temps et entraînent parfois des mécontentements. L’intérêt des mutations intervenues ces dernières années nous permet désormais de mieux appréhender le mécanisme entraînant le processus de mélanisation, mais nous allons voir que justement ces évolutions désirées n’ont qu’un seul but : simplifier au mieux les catégories en fixant des règles, les plus logiques possibles, tout en tenant compte des découvertes pouvant encore intervenir. Les amateurs ont besoin de stabilité et le but est de chercher à l’obtenir en restant le plus logique possible, en essayant de concilier les points de vue des pays étrangers, en devant parfois, laisser de côté certains goûts personnels afin de rester cohérents et ne pas laisser la place à l’anarchie.

Il faut savoir que le canari originel n’a plus rien à voir avec le canari de couleur actuel. Celui-ci est couvert de stries grises-brunâtres et, avec ses 12 cm, est plus petit que ses congénères domestiques. Il a très peu de similitudes avec nos canaris domestiques, et le canari noir jaune, souvent appelé canari de base, ne lui ressemble vraiment plus. Il n’en reste pas moins que la nature garde ses droits et que, bien que celui ci soit travaillé en fonction de critères fixés par l’homme, un mâle restera toujours un mâle avec une exaltation de la couleur tandis que la femelle sera toujours plus terne et plus discrète afin d’échapper aux prédateurs (présence accrue de phaéomélanine). Le mâle sera donc le sujet le plus adéquat pour satisfaire aux exigences du standard dans les quatre mélanines de bases (noir, agate, brun et isabelle).

Lorsque nous parlons de mélanines de base, nous devons comprendre qu’il s’agit de décisions prises à une époque éloignée de plusieurs décennies. Depuis, les canaris ont été divisés en deux catégories afin d’avoir une base de départ facilitant leur identification.

Les oiseaux oxydés à mélanines maximales( noir et brun) et les dilués à mélanines réduites (agates et bruns ). Ce sont des choix qui ont été faits et qui sont actuellement acceptés par toutes les fédérations d’élevage d’oiseaux. Cela est suffisamment rare pour qu’on le signale. Nous parlerons donc de ces quatre catégories et essaierons de cerner cette couleur en fond jaune, rouge et suite au manque de pouvoir de synthèse des caroténoïdes en fond blanc (absence de couleur).

De quoi la couleur de nos canaris est-elle composée ?

La couleur de nos canaris est déterminée par deux sortes de pigments:

- Les pigments mélaniques.

- Les caroténoïdes.

Ces deux types de pigments sont présents chez nos canaris mélanines et contribuent à la coloration de ceux ci. Dans la série des lipochromes l’oiseau ne peut exhiber ses mélanines. Il se présentera en couleur de fond jaune, rouge ou blanche.

Les pigments mélaniques sont fabriqués par l’oiseau en fonction des substances mises à sa disposition dans son alimentation. Cette synthèse est tributaire de substances fabriquées au départ du monomère en combinaison avec une enzyme. l’enzyme est un peu comme une clé de contact servant à faire démarrer un processus, si pas de démarrage, pas de mélanisation. Un canari synthétisera ( fabriquera) donc lui-même ses mélanines. Ces mélanines synthétisées nous donneront toutes les nuances allant du noir au gris et du brun foncé au beige clair. Le dépôt de pigment mélanique chez notre canari est quelques chose très précis, bien plus qu’un dépôt de caroténoïdes. Ce dépôt mélanique ne se dépose pas n’importe où et celui-ci est très contrôlé et ne se localise qu‘à certaines places. Le processus de mélanisation normal consiste en un dépôt de phaéomélanine et ensuite d’eumélanine. Au début de la croissance de la plume la mélanine est de teinte brune (appelée phaéomélanine), cette phaéomélanine est située sur le pourtour de la plume. La localisation de cette phaéomélanine est particulièrement remarquable chez les sujets exhibant la mutation ino, car celle-ci inhibe la formation de l’eumélanine qui colore normalement la hampe et la partie centrale des plumes. Lors d’un processus de mélanisation normal, il y a donc un léger retard en ce qui concerne la synthèse complète de l’eumélanine noire. Au stade intermédiaire de la croissance de la plume, la mélanine vire plus ou moins rapidement au noir et au stade terminal ( hampe et parties adjacentes) la mélanine est noire et concentrée.

Par contre, lors de la croissance d’une plume de la poitrine, le stade terminal est rapidement atteint, mais la mélanine noire est nettement plus diffuse. Cette diffusion de noir en combinaison avec la xanthophylle (caroténoïde jaune) laisse la plume apparaître verte, tandis qu’en combinaison avec du carotène (caroténoïde rouge) de couleur bordeaux ou de couleur gris bleuâtre en absence de caroténoïde (fond blanc).

La pigmentation mélanique du canari, comme de tout autre oiseau, est donc tributaire d’un enzyme et des capacités du monomère de la plume. De plus, la nourriture et les conditions de vie, particulièrement la lumière, peuvent avoir une grande influence sur l’extériorisation des mélanines.

Le pigment caroténoïde lui à plus tendance à se voir là où le pigment mélanique lui laisse le champ libre. Ce sont des lipides( solubles dans les graisses). En fait les caroténoïdes disposés dans le cortex de la plume sont nettement moins remarquables dans les parties teintées par les mélanines. Moins il y a de mélanine sur notre oiseau plus la couleur de fond s’en trouvera éclaircie et laissera la couleur du caroténoïde (jaune ou rouge) s’extérioriser. Ainsi par exemple chez le noir jaune, le ventre passe du vert au jaune par l’absence de mélanine.

Les pigments caroténoïdes, eux, ne sont pas synthétisés par l’oiseau, ils sont seulement fixés par lui à condition qu’il les trouve dans son alimentation. Ces pigments nous procurent toute la gamme des rouges, orangés et jaunes.

La couleur de fond blanche que nous connaissons chez nos canaris est en fait une absence de caroténoïdes. La plupart des mutations intervenues correspondent en fait à des défaillances dans le dépôt du pigment mélanique dans la plume (ralentissement du dépôt, baisse du pouvoir de synthèse des mélanines,…).

Il faut savoir que la couleur de nos canaris est influencée par un ensemble de gènes intervenant dans la structure des pigments caroténoïdes ou mélaniques, leur localisation et également des gènes contrôlant tout ce processus de coloration. Une seule mutation intervenant dans ce processus et automatiquement il s’ensuivra un changement du phénotype de notre oiseau. Prenons par exemple la mutation pastel. Cette mutation réduit l’eumélanine et ceci de plus en plus fort au fur et à mesure de l’accroissement de la plume. On peut donc en conclure que le ou probablement les gènes, intervenant dans le dépôt, ont subi une altération entraînant ce mécanisme. Il y aura donc un changement de couleur au niveau de l’eumélanine. Et, étant donné que les plumes de recouvrement formant les stries se dessinent plus tard, il y aura un effet plus important d’atténuation du dessin. Les mutations intervenues en canariculture entraînent donc, lorsqu’il s’agit d’une altération d’un gène responsable des caractéristiques phénotypiques de l’oiseau (ce qui se voit), des différences dans la couleur de l’eumélanine mais également dans la couleur de fond de nos canaris.

Prenons les quatre mélanines de base dans l’ordre et examinons leur couleur de fond (jaune, rouge, blanche).

En tout premier lieu, il est très important d’assimiler les notions d’oxydés et de dilués.

Par « oxydés », nous entendons les noirs et les bruns. ( Quand on parle d’oxydation, il est principalement question de la quantité de mélanines noires présentes dans le plumage de l’oiseau et dans ses parties cornées. Chez les sujets bruns, nous devrions plutôt parler d’une quantité maximale de mélanines. Car il est formellement déconseillé d’exposer les bruns à la lumière directe du soleil, car l’oxydation des mélanines les rend gris brunâtre à noir brunâtre.) Nous pouvons trouver une explication à ce phénomène dans le fait que les rayons ultra violet ont la particularités d’accentuer la mélanisation donc dans le cas du brun de pousser la mélanisation un peu plus loin quelle ne devrait l’être entraînant un pigment trop foncé tendant vers le noir.

Les noirs et les bruns se doivent de posséder une mélanisation maximale. La quantité d’eumélanine et de phaéomélanine est maximale et s’exprime par une coloration très optimale de l’oiseau. Une petite observation me semble utile dans cette série. Diverses théories courent à propos de l’eumélanine brune. Les plus couramment rencontrées sont au nombre de deux. La première nous explique que l’eumélanine brune est une mutation dans la structure de la mélanine et que l’oiseau de type ( brun) est un noir à eumélanine brune. L’autre théorie qui semble prévaloir dans le monde scientifique est qu’en réalité l’eumélanine brune ne serait qu’une étape inachevée menant au polymère formant l’eumélanine noire. Donc il manquerait en sorte une étape afin d’obtenir l’eumélanine noire. Comme trop peu de canariculteurs font partie du monde scientifique, je pense qu’il est donc plus raisonnable de se rallier à cette deuxième explication. Bien que cela ne change rien dans la classification de nos canaris. Mais la nuance a peut être son importance dans la manière d’appréhender la notion d’oxydés et de dilués.

Par dilués nous entendons les agates et les isabelles. Ceux-ci correspondent à une dilution de la mélanine. (mélanine réduite) La phaeomélanine étant réduite il s’ensuit un éclaircissement de l’eumélanine mais également de la couleur de fond (aspect général de l’oiseau).

Les différences de concentration des mélanines interviennent dans les nuances que nous pouvons observer dans la couleur de fond ( aspect général ) de nos canaris. Ces différentes concentrations sont provoquées par une mutation, sont d’origine endocrinienne, voire les deux.

Une oxydation des mélanines chez le canari mâle se traduira par d’avantage d’eumélanine et une phaéomélanine un peu moins abondante. Chez notre femelle la présence hormonale (oestradiol) provoquera un plumage plus terne avec une présence accentuée de brun. Par souci de discrétion par rapport au mâle, celle ci aura souvent un plumage plus terne où le brun se manifeste plus vite et où la présence atténuée de caroténoïde augmentée de phaéo provoquera une différence significative de la couleur de fond. (brun et jaune nous donne une couleur plus jaune brunâtre que verdâtre). Il faut savoir que le vert n’est pas un pigment et cette couleur est le résultat de la combinaison d’un bleu obtenu par diffraction de l’eumélanine et du pigment caroténoïde jaune.

Quels sont les facteurs qui peuvent intervenir dans cette couleur ? Les conditions de lumière lors par exemple d’un jugement peuvent t’elle intervenir dans cette couleur ?

Chez l’être humain la reconnaissance des couleurs dépend de la lumière et des objets reflétant celle-ci, ainsi que de l’œil et du cerveau de l’observateur.

La lumière entrant dans l’œil est convertie en signaux par la rétine et ces signaux sont ensuite envoyés au cerveau via le nerf optique. Notre oeil réagit et la couleur nous apparaît.

Comme c’est le cas pour l’ouie, l’odorat, le goût et d’autres sens, la perception de la couleur varie également d’un individu à un autre.

Nous pouvons percevoir une couleur comme étant chaude, froide, douce, vive, brillante, mais cette perception dépend de la culture, de l’environnement, de la langue, du vécu d’une personne, etc.. Deux personnes n’auront jamais la même impression à propos d’une couleur.

Lorsque nos yeux sont stimulés par une lumière reflétée par un objet nous percevons donc cette lumière sous forme de couleur.

Lorsque nous regardons cette couleur, notre cerveau ne détecte pas tellement la couleur en elle-même, mais le contraste entre cette couleur et les couleurs environnantes.

Traiter d’un sujet aussi complexe que la couleur n’est pas le but de cet article, mais je pense qu’il est très important de bien comprendre que l’environnement influence fortement la perception des couleurs. La nuit tous les chats sont gris, car sans lumière, il n’y a pas de couleur !! Les conditions environnementales intéressent très peu les canariculteurs pourtant après autant d’efforts afin d’amener les oiseaux sur la table de jugement, ils seraient en droit d’exiger des conditions optimales et identiques pour tout le monde, car les conditions environnementales influencent la couleur de nos oiseaux et influence par la même occasion la perception qu’en a le juge.

Imaginons maintenant un jugement de canaris de couleur d’une série d’oxydés, noir ou brun. Le jugement débute à neuf heures avec un soleil radieux et, une heure plus tard, le ciel se couvre, un nuage passe et tous les sujets présentés à ce moment seront plus gris donc plus oxydés. Les premiers auront probablement été pénalisés pour le bas ventre, pas les seconds. Le lendemain dans les rangées les oiseaux seront visibles dans des conditions d’éclairage identiques et de grosses surprises sont à craindre. Ce n’est pas le juge qui est responsable ! Il juge normalement, mais les conditions sont totalement opposées et malgré l’adaptation que l’œil humain peut apporter le risque d’une mauvaise interprétation de la couleur est considérable. L’exemple du noir n’est pas unique toutes les couleurs sont concernées. Le canari lipochrome jaune en premier ! Une solution est-elle possible?

Certainement, les expositions d’oiseaux pourraient se référer à un éclairage standard mettant tout le monde sur un pied d’égalité. Des appareils existent pour mesurer l’éclairage et il n’est pas idiot de penser que cela pourrait devenir un jour le système de jugement choisi. Car la lumière blanche, dite naturelle, ne nous donne pas une régularité dans le type de lumière dont nous disposons pour juger.

Ceci explique quelque peu l’importance de la lumière.

Examinons à présent nos quatre mélanines de base.

Les noirs:

Critère principal à prendre en compte: oxydation maximale

Oxydation maximale, eumélanine noire, couleur de fond foncée puisque fortement influencée par la présence notamment en sous-plume de mélanines et la présence d’une phaéomélanine maximale.

Cette phaéomélanine présente en grande quantité rend notre eumélanine très noire. La phaéomélanine par l’oxydation maximale est refoulée notamment dans la sous plume et confère une teinte plus sombre à la couleur de fond. De plus, l’influence du facteur optique (qui concentre la phaeomélanine sous l’eumélanine) rendra cette eumélanine encore plus tranchante étant donné qu’elle noircira, ainsi notre eumélanine sera plus éclatante. Attention toutefois lorsque nous parlons d’oxydés, nous parlons de phaéomélanine maximale. Cela ne veut pas dire que notre oiseau présentera nécessairement du brun. D’ailleurs le standard en intensif l’interdit mais cela signifie que notre oiseau ne subit aucune réduction de phaéomélanine. Celle-ci devra servir à assombrir l’oiseau afin de nous montrer son oxydation maximale.

En noir jaune la couleur sera de teinte verte, suite à la fragmentation de la couleur reflétée des mélanines au travers du cortex des cellules, lequel contient la xanthophylle (pigment jaune). Suite à l’évolution du standard demandant des stries plus longues et plus larges, cette phaéomélanine sera absolument nécessaire afin de renforcer ces stries.

D’où la phaéomélanine sera moins concentrée dans le plumage global, la conséquence est visible directement : éclaircissement de la couleur de fond.

Le travail de l’éleveur sera donc de trouver un compromis entre une couleur de fond suffisamment oxydée et une strie longue et large. L’oiseau à venir devrait donc être de plus en plus oxydé avec un dessin long régulier tout en gardant la particularité des quatre mélanines de base qui présente en bas ventre bas ventre légèrement éclairci. L’évolution nous montrera si cet éclaircissement léger doit rester ou disparaître. Il est à redouter en effet que si nous sélectionnons nos oiseaux uniquement sur cela, nous y arriverons. La mutation cobalt, montre qu’exiger une couleur uniforme partout n’aurait aucun sens à long terme, au risque d’arriver dans quelques années vers un rapprochement de ces oiseaux et que le cobalt corresponde mieux au noir classique que le classique lui-même.

La grosse difficulté de la canariculture actuellement est qu’il faut anticiper autant possible les évolutions afin d’éviter par la suite des changements d’optique qui provoquent alors certains mécontentement bien compréhensible.

En noir rouge les critères sont évidemment identiques en présentant l’avantage que le rouge tend à mieux dissimuler la phaéomélanine rendant donc le travail logiquement plus facile que dans les séries jaune et blanche. L’oiseau plus foncé, avec de bonnes stries, devrait donc logiquement arriver plus vite. Cette série devrait nous offrir dans les années à venir des oiseaux bien oxydés avec une strie longue et alignée.

C’est manifestement dans la série des fonds blancs que nous devrions progresser le moins vite. Pourquoi? Les noirs blancs ne peuvent assimiler les caroténoïdes et cette absence de couleur de fond laisse plus facilement apparaître la phaéomélanine.

Dans ce cas, il n’y a pas de couleur pour camoufler la phaéomélanine, pourtant celle- ci doit être maximale comme pour les autres oxydés. Le travail de l’éleveur sera donc de cumuler l’action de cette phaéomélanine avec le facteur optique afin de noircir cette phaéomélanine et de la fusionner à la couleur de fond en nous rendant un oiseau bleu ardoise ( gros travail en perspective !!). L’utilisation dans ce cas de mosaïques, nous amènera un sous ventre blanc et un éclaircissement des flancs, incompatibles avec les exigences du standard qui réclame une couleur plus uniforme.

Les bruns:

Critère à prendre en compte : oxydation maximale

Tout comme le noir le canari brun est un oiseau à mélanines maximum (oxydé). Il n’y a donc pas de réduction de phaéomélanine. La seule différence consiste en en une polymérisation pas réellement terminée de l’eumélanine noire provoquant la couleur brune des stries, appelée par les éleveurs : eumélanine brune afin de faire la différence avec la phaéomélanine (monomère).

Ici nous devons faire la distinction entre les mâles et les femelles (particularité belge).

Les mâles: ceux-ci pour les mêmes raisons que les noirs correspondent mieux que les femelles lorsqu’ils sont exposés en intensif. Il s’agit d’un « oxydé » donc avec une eumélanine très brune et une phaéomélanine ne subissant pas de réduction. Dans cette série, la couleur de fond des oiseaux devrait s’assombrir avec le temps car nous avons été trop loin dans la sélection d’oiseaux dits « lumineux » (terme trop vague prêtant à trop d’interprétations) et la couleur de fond ( aspect général) ainsi que l’eumélanine est devenue trop claire penchant vers le type intermédiaire isabelle / brun alors que nous devrions tendre vers une eumélanine brune foncée mais toujours brune et une couleur de fond plus foncée.

Finalement, nous en arrivons à des oiseaux ayant une couleur de fond insuffisamment oxydée, ce qui n’est pas normal pour un oiseau devant posséder un pigment maximum. Il est bon de rappeler que la phaéomélanine sous l’effet de l’oxydation maximale est refoulée dans la sous plume conférant une teinte plus sombre à la couleur de fond. La nouvelle direction prise par notre comité technique est donc sans aucun doute la plus logique. Ici aussi même remarque que pour les noirs « eumélanine et phaéomélanine maximale », cela ne signifie pas que les oiseaux doivent être bruns dans le dos, mais que cette phaéomélanine doit être bien présente dans la couleur de fond tout en ne se perçant pas entre les stries. L’eumélanine quant à elle devra absolument rester brune foncée mais ne pas tendre vers le noir. Il y aura aussi un compromis entre la couleur de fond, l’intensité de la mélanine brune et la quantité de facteur optique à utiliser pour arriver au brun idéal.

Il faut reconnaître que dans cette série de gros efforts sont à faire, car pour l’instant très peu d’oiseaux correspondent à ce statut d’ « oxydé » ( pigment maximum).

À force de chasser la phaéomélanine, les oiseaux sont devenus beaucoup trop clairs en couleur de fond et l’exemple du brun que nous connaissons actuellement illustre bien comment les appréciations et habitudes ont la vie dure. Pendant des années on a chassé le brun visible du brun sans penser à travailler ce brun de la même manière que nos noirs en fusionnant la phaéomélanine à la couleur de fond.

Si l’on suit ce raisonnement, ne devons-nous pas également penser à la couleur des pattes ? Celles ci doivent être uniformes et présenter une mélanisation typique d’un pigment maximum, ( en tenant compte évidemment qu’il s’agit d’un brun), ce qui n’est pas vraiment le cas actuellement.

L’évolution dans la série noire devrait donc si l’on reste logique avec soi même se faire ressentir prochainement dans cette série brune. Il en va de notre crédibilité, car comment accepter une couleur de fond trop claire chez les bruns alors que les détracteurs de certaines évolutions crient haut et fort que la couleur de fond des noirs passe avant le dessin. Il faut donc rester cohérent.

Les femelles: ici particularité belge qui veut que nous gardions la femelle brune comme oiseau d’exposition. Dans ce cas, eumélanine et phaéomélanine maximales doivent se voir. Nos femelles seront donc très brunes avec une eumélanine très visible non seulement sur le dos mais aussi dans les flancs. La couleur de fond devra toujours rester visible. Il y aura donc ici aussi un compromis entre un bon enveloppement de la phaéomélanine et une couleur de fond bien visible ainsi que les stries bien nettes et bien visibles. Dans ce cas également, la difficulté consistera à pouvoir concilier sur le même sujet une certaine quantité de facteur optique pour rendre notre eumélanine plus visible, sans compromettre la tonalité de la phaéomélanine.

Les dilués agates et isabelles :

Dans ces séries la strie demandée doit être fine et interrompue. Contrairement à ce qui se lit parfois, ce n’est pas le facteur agate (premier facteur de réduction ) qui provoque cette strie fine et courte, c’est un choix délibéré afin de simplifier la classification des oiseaux. Et étant donné que ceci est reconnu par tous, il est improbable que cela évolue dans un autre sens. Ce n’est d’ailleurs pas désiré.

L’agate est un « noir dilué » qui résulte du premier facteur de réduction provoquant la réduction quantitative des mélanines, la phaéomélanine sera réduite tandis que l’eumélanine sera faiblement réduite. La phaéo est diluée et plus étendue, la strie est noire. Suite à cette réduction de la phaéomélanine, la couleur de fond s’en trouve modifiée. L’oiseau paraîtra plus clair (d’où l’expression des néophytes «vert clair»). La dilution mélanique provoquée par la mutation agate influence directement notre couleur de fond. La couleur de fond des mâles sera généralement plus citron que la couleur de fond des femelles par la présence accrue de phaéomélanine chez celle ci. ( pour une quantité identique de facteur citron).

L’évolution dans nos mélanines classiques ne modifie en rien la couleur de fond de nos oiseaux actuels.

La mutation agate est la mutation qui finalement ne change pas du tout par rapport à avant. La seule différence significative résulte dans le fait que la strie doit être fine et courte, mais pas nécessairement la plus fine, ni la plus courte possible. Une nuance qui prend toute son importance étant donné que notre hobby commence à attacher plus d’importance qu’avant au dessin. Il y a donc peu de répercussions sur la couleur de fond actuelle.

Remarque : Attention aux oiseaux intermédiaires entre agate et noir !!

L’agate doit montrer clairement une réduction par rapport au noir.

L’isabelle: est un dilué, donc réduction de phaéomélanine (mutation agate cumulée à la mutation brune) donc nous pourrions dire que notre isabelle est en fait un « agate brun », cela peut faire sourire mais, c’est la stricte vérité.

L’isabelle résulte de l’action du premier facteur de réduction provoquant la réduction quantitative des mélanines, la phaéomélanine sera réduite et l’eumélanine faiblement réduite, cumulée à la mutation brune.

L’absence d’eumélanine noire et la réduction de phaéomélanine nous donnera une couleur jaune «paille» souvent plus chaude chez la femelle car possédant généralement plus de phaéomélanine. L’évolution dans les mélanines de base ne concernera pas cette couleur de fond.

Notre attention devra tout de même être attirée sur le fait que la strie est parfois si fine actuellement que les flancs ne sont plus visibles.

Une légère affirmation fin et court nous donnera un dessin identique à la strie de notre agate actuel. C’est logique puisque notre isabelle est un agate à eumélanine brune. Il n’est pas concevable que l’isabelle et l’agate aient des stries différentes. Sinon nous retombons dans des considérations personnelles n’entraînant que discussions et mécontentement.

En conclusion: l’évolution dans nos mélanines de base influence la couleur de fond de nos oiseaux, mais uniquement dans les séries à mélanines maximums (noires et brunes), il est certain que la couleur de fond de nos mutants sera aussi légèrement différente.

Ces évolutions sont nécessaires et même indispensables pour assurer la pérennité de notre hobby. L’appréciation personnelle doit laisser la place à la logique et à l’harmonisation des standards. Comment expliquer à la jeune génération que pour gagner il faille parfois exposer plusieurs types d’oiseaux dans les mêmes catégories afin de plaire au jury ?

Nous devrons donc nous canariculteurs européens dans les années à venir nous y atteler et faire preuve d’ouverture et parfois de courage afin de donner au hobby une certaine stabilité dont il a bien besoin.

Un hobby qui évolue est un hobby qui vit !

Je remercie Monsieur Meunier Jean Claude, monsieur Johan Vandermaelen, monsieur Daniel Roulez qui m’ont aimablement assisté à l’élaboration de cet article.

Du gritt et des petits graviers pointus, pourquoi ?                                                                                                Par Thierry Lequeu

Notre canari ne possède pas de dents et, étant granivore, il va habillement, à l’aide de son bec, enlever l’enveloppe protectrice entourant les graines. Ces graines arrivent très vite dans le jabot. Dans celui-ci commence un processus de macération.

Un peu plus tard, lorsque la nourriture est trempée, elle quitte le jabot et se dirige vers le premier estomac. Dans celui-ci sont ajoutés les sucs digestifs et, la nourriture part ensuite vers le gésier. C’est l’endroit où ces aliments seront broyés.

Si l’oiseau ne possède pas ces substances dans son environnement, il s’en suivra progressivement un état de manque et sa condition physique risque de s’en ressentir.

L’oiseau ne digèrera plus les aliments de façon optimale. Cette nourriture, n’étant pas suffisamment préparée dans le gésier, ne profitera pas complètement à l’oiseau un fois arrivée dans les intestins.

Notre canari aura donc toujours besoin de trouver, dans son environnement, de petits graviers pointus afin de faciliter ce processus digestif. Le gritt est lui-même dissout par la digestion afin d’apporter notamment les oligo-éléments nécessaires. L’apport de gritt et de petits cailloux est d’autant plus indispensable que certains fonds de cage ne contiennent pas ces substances (copeaux de bois, litière pour chats,…).

Pensons-y afin d’éviter les problèmes.